CHANSONS DE DON QUICHOTTE (Jacques IBERT)

Chansons de Jacques Ibert pour le film Don Quichotte

CHANSON DU DÉPART (Poésie de Ronsard)

Ce château neuf, ce nouvel édifice

Tout enrichi de marbre et de porphyre

Qu'amour bâtit château de son empire

Où tout le ciel a mis son artifice

Est un rempart, un fort contre le vice

Où la vertueuse maîtresse se retire,

Que l’œil regarde et que l'esprit admire

Forçant les cœurs à lui faire service.

C'est un château, fait de telle sorte

Que nul ne peut approcher de la porte

Si des grands rois il n'a sauvé sa race

Victorieux, vaillant et amoureux.

Nul chevalier tant soit aventureux

Sans être tel ne peut gagner la place

CHANSON A DULCINÉE (Poésie d’Alexandre Arnoux)

Un an me dure la journée

Si je ne vois pas ma Dulcinée.

Mais, amour a peint son visage,

Afin d'adoucir ma langueur,

Dans la fontaine et le nuage,

Dans chaque aurore et chaque fleur.

Un an me dure la journée

Si je ne vois pas ma Dulcinée.

Toujours proche et toujours lointaine,

Étoile de mes longs chemins.

Le vent m'apporte son haleine

Quand il passe sur les jasmins.

Un an me dure la journée

Si je ne vois pas ma Dulcinée.

CHANSON DU DUC (Poésie d’Alexandre Arnoux)

Je veux chanter ici la Dame de mes songes
Qui m'exalte au-dessus de ce siècle de boue
Son cœur de diamant est vierge de mensonges
La rose s'obscurcit au regard de sa joue

Pour Elle, j'ai tenté les hautes aventures
Mon bras a délivré la princesse en servage
J'ai vaincu l'Enchanteur, confondu les parjures
Et déployé l'univers à lui rendre hommage.

Dame par qui je vais, seul dessus cette terre,
Qui ne soit prisonnier de la fausse apparence
Je soutiens contre tout Chevalier téméraire
Votre éclat non pareil et votre précellence.

CHANSON DE LA MORT (Poésie d’Alexandre Arnoux)

Ne pleure pas Sancho, ne pleure pas, mon bon
Ton maître n'est pas mort
Il n'est pas loin de toi
Il vit dans une île heureuse
Où tout est pur et sans mensonges
Dans l'île enfin trouvée où tu viendras un jour
Dans l'île désirée, O mon ami Sancho !
Les livres sont brûlés et font un tas de cendres
Si tous les livres m'ont tué
Il suffit d'un pour que je vive
Fantôme dans la vie, et réel dans la mort
Tel est l'étrange sort du pauvre Don Quichotte